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Aventure Equitable 2009
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19 mai 2009

Maya l'abeille

Petit message pour essayer d’expliquer la situation des indigènes au Mexique et plus particulièrement celle des Mayas, et les raisons des luttes, armées ou pas, ayant eu lieu ces dernières années, pour ceux qui ont en entendu parler et pour les autres aussi. On va dire que cette fois j’aimerais bien que mes petites sœurs le comprennent puisque je pense (oulà j’entend déjà les cris d’indignation de beaucoup d’entre vous), que les prochaines révolutions appartiennent aux femmes !

On va donc remonter un peu le temps… Lorsque les espagnols débarquent au Mexique, comme partout ailleurs, ils découvrent de nombreux peuples : aztèques, mayas, zapotèques ou encore mixtèques, soit plus de 10 millions de personnes en tout. Un siècle plus tard, 90% de ces populations ont disparues. Celles qui restent sont exploitées, exclues et considérées comme inférieures bien que le Vatican leur reconnaisse une âme contrairement au noirs venus d’Afrique (je ne développerais pas la question de la religion dans ce post mais elle est très importante au Mexique et notamment pour les indigènes).

Les indigènes sont donc fortement exclus de la société mexicaine et revendiquent tout au long de l’histoire le droit à la terre qui pour eux est la Terre, la mère, et donc ne peut être possédée mais seulement  travaillée. Ils gagnent finalement le droit à l’exploiter grâce à la « Réforme agraire », après la Révolution mexicaine de 1910, une loi qui distribue les terres entre communautés et permet son utilisation collective (ici ils appellent ça des ejidos). Ceci a été une grande avancée dans les lois indigènes.

Hélas, en 1992, Carlos Salina, le président de l’époque met à mort cette loi en autorisant l’achat et la vente des terres, favorisant une nouvelle fois la création de grandes propriétés et l’essor du tourisme sur les zones stratégiques.

Vous avez certainement entendu parler du sub-commandante Marcos, l’homme à la cagoule qui sillonne le Mexique en moto. C’est la principale figure de la nouvelle résistance indigène. Les revendications ne sont pas seulement de gagner plus d’argent et de stopper l’exploitation économique mais aussi de faire admettre leur culture, leur langue, leur littérature (très riche et encore très développée), et leurs arts au sein du Mexique. Petite citation de Marcos que je trouve très parlante : « Pour eux, nos histoires sont des mythes, nos doctrines sont des légendes, notre science est magie, nos croyances sont superstitions, notre art est artisanat, nos jeux, nos danses et nos vêtements sont folklore, notre gouvernement est anarchie, notre langue est dialecte, notre amour est pêché et bassesse, notre démarche est traînante, notre taille petite, notre physique laid, nos manières incompréhensibles (…) Ils nous civilisèrent hier et veulent aujourd’hui nous moderniser. »

En 1994, juste après la signature de l’ALENA (traité entre le Canada, les EU et le Mexique qui met gravement en danger la liberté économique et politique du Mexique), une guerre de 12 jours explosent dans le Chiapas, au Sud du pays : les indiens qui se soulèvent font parti de l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale), avec pour modèle Emiliano Zapata qui avait mené la révolution de 1910. Le nom peut porter à confusion car leurs revendications ne sont en aucun cas indépendantiste, et au contraire le souhait premier des zapatiste est bien d’intégrer au mieux les peuples indigènes dans le pays. Si l’armée réussit très vite à calmer les combattants masqués, de nombreuses manifestations ont lieu partout dans le pays en guise de soutient, et les médias internationaux s’emparent vite de l’événement.

Les tensions s’apaisent pendant quelques années, mais en 2000 alors que le nouveau président Vicente Fox est élu, une grande marche est organisé à travers tout le Mexique avec tous les dirigeants de l’EZLN. De nombreux meeting sont organisés et de nombreuses célébrités politiques étrangères se joignent à la marche, comme Danielle Mitterrand ou José Bové. Marcos porte toujours sa cagoule (pour l’anecdote, il se fait appeler sub-commandante car pour lui le seul commandant c’est le peuple, et qu’il se met donc à son service) et prononce quelques discours devenus aujourd’hui très célèbre.

Hélas, jusqu’aujourd’hui, aucun pas réel n’a été franchi, et tous les accords signés ne respecte pas les attentes des guérilleros. Bien sûr le patrimoine historique est reconnu comme art au Mexique et c’est d’ailleurs pour le pays un formidable outil touristique (Chichen Itza, Tulum…), mais la culture indigène ne doit pas seulement faire partie de l’histoire car elle continue d’exister de manière très forte et très impressionnante.

A travers nos séjour à Laguna Kana, nous sommes rendus compte à quel point ils étaient fiers de leur culture et avide de la partager avec nous, de nous raconter leur histoire, de nous apprendre leur langue, etc… Leur vision des choses sur leur pays et sur la politique est beaucoup plus pertinente et visionnaire qu’on ne pourrait penser, et les mayas que nous avons rencontré nous ont parlé de la grippe, de leur président ou des trafics de drogue avec bien de lucidité qu’on ne l’a entendu ici à Playa Del Carmen.  Avec eux, on a appris, et on s’est révolté aussi, car l’injustice et l’exploitation est encore bien réelle. Bernadino, l’homme qui nous a accueilli a vécu 8 ans à Playa Del Carmen en cumulant 2 métiers, en ne dormant que 3 heures par nuit et avec un jour de congé tous les 15 jours. Il nous explique avec toute la douceur du monde qu’il est donc bienheureux de vivre désormais dans sa communauté et d’y gagner sa vie dignement. Mais moi, je trouve pas ça normal qu’on doive se cacher pour vivre bien, et que le peuple ancestral des terres mexicaines (qui détient donc la seule et unique culture issue de l’histoire mexicaine) soit exclu des bibliothèques, des salles de musée, des cinéma et j’en passe.

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Commentaires
V
Salut !!<br /> <br /> Ayé, j'ai enfin pris le temps de tout lire ! Et non je ne suis pas mort Margaux :)<br /> <br /> Bon moi j'en reviens pas !! Je suis trop impressionné par tout ce que vous voyez, ça donne vraiment envie d'être à votre place ! J'ai appris plein de choses sur l'histoire culturelle du Mexique, sur ses conflits politiques mais aussi sur la vie locale ! Et vos photos des pyramides, des sites Mayas tout ca, je suis totalement fan ! J'adore, elles sont vraiment trop belles, ca me donne envie d'aller les voir sur place ! <br /> <br /> Vraiment très bien tenu ce blog (même qu'il y a des histoires drôles) ! Continuez comme ça, continuez à bien travailler et à vous éclater... et nous, à nous faire rêver :)
V
je trouve que ce que vous raconter est politique mais on comprend que ya des personnes dans le mondes qui ne sont pas bien. Je trouve que soit comme je lai deja di, la personne qui ecrit devrait etre conferenciere soit et la je pense a mme dumaine prof d'histoire! Je vous souhaite tous de profiter de la mer, des rencontres que vous faites. Margaux merci beaucoup pour le petit coup de telephone. Je voulait te dire aussi que le 24 mai robinson, pauline, lucas et moi seront au parc astérix donc si tu veux avoir robinson, soit apelle le soir a la maison soit sur mon port . gros bsx <br /> <br /> Victor
C
Le temps de lire votre article sur Laguna Kana, de regarder les photos, de revenir sur la page d'accueil pour découvrir un nouveau post: si c'est pas de la magie?! Intéressant votre article sur les Mayas et la place de leur culture au Mexique: ça remet les idées en place!<br /> Merci!<br /> Bises<br /> Céline
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